Les interviews de John McLaughlin sont rares. Il nous parle de son parcours incroyable avec Jimi Hendrix, Jimmy Page, John Paul Jones, Miles Davis, Mahavishnu Orchestra, Paco de Lucia, The Trio, les Rolling Stones, George Martin et The Beatles, Tony Williams, Carlos Santana, Zakir Hussain et Shakti, son parcours spirituel, sa vision de la vie, sa première envie : devenir guitariste de flamenco, sa rencontre avec le Dalaï-lama, avec Michelle et Barack Obama, ses projets avec Jimmy Herring, et surtout avec le chanteur de Remember Shakti : Shankar Mahadevan.

Retranscription de l’interview

John Bouchet : Vous l’attendez tous, je vous demande d’accueillir et d’applaudir le seul et l’unique John McLaughlin.

Bonsoir John, bonsoir ça va bien ?
Il faut bien parler dans le micro bien fort

John McLaughlin : Bonsoir, Tout va bien

JB : Tout va bien ?
Et bien, voici le temps de lancer le générique de l’émission : Noobs Live L’émission pop culture qui ne se prend pas la tête, c’est maintenant.

On va pas faire un historique, pas trop pointu, parce qu’on est chez les Noobs, et les Noobs aiment bien apprendre mais sans trop se prendre la tête.

©Lara Montagnac

Enfant en Angleterre, tu as écouté beaucoup de musique classique, de blues, de flamenco, de musique indienne et de jazz grâce à tes frères qui étaient plus âgés. Tu as appris la guitare en autodidacte, en essayant de jouer sur les disques que tu écoutais. Puis, tu as commencé par jouer dans différents groupes de R&B, R&B c’est Rhythm and Blues à l’époque évidemment. À 18 ans, tu côtoies John Paul Jones à qui tu enseignes l’harmonie jazz, tu montres des plans de guitare à Jimmy Page, les deux formeront un petit groupe appelé : Led Zeppelin. Musicien de studio, tu as enregistré pour des petits jeunes de l’époque, on est en 1964.
Est-ce qu’on a un extrait Fred ?
Oui ?
On balance l’extrait.

[Extrait]

JB : Tu as, évidemment en parlant des Rolling Stones, tu as aussi côtoyé les Beatles, et là vient ma première question : Est-ce à cette époque, que tu as rencontré George Martin, avec qui tu feras un album 10 ans plus tard ?

JMcL : Oui, tu parles de l’époque 66, 67 ? Au moment où j’étais, comment dire, un requin de studio ? À l’époque, la musique POP explosait en Angleterre, il y avait Carnaby Street, the Beatles, the Stones, Jerry and the pacemaker and all of that. Et puis Georges Martin, était un producteur de EMI, Abbey Road. Évidemment un des albums des Beatles, un des plus grand d’ailleurs, et Georges, produisait davantage d’autres groupes et surtout un duo : Peter and Gordon,

JB : D’accord.

JMcL : Et, pour tous les enregistrements, il m’appelait.

JB : Ah et bien ça c’est cool, donc c’est comme ça que vous avez fait connaissance.

JMcL : Je l’ai connu comme ça et au fur à mesure

JB : Vous avez continué et cetera. Alors on continue, à la fin des années 60’ tu quittes l’Angleterre pour habiter aux États-Unis. Tu jammes toute une nuit avec Jimi Hendrix, Monsieur. Mais surtout tu rencontres et tu joues avec Miles Davis, on a un petit extrait il me semble.

[Extrait]

JB : Ce sont des petits extraits parce que sinon, on est coupé sur Facebook.

JMcL : De tout petits extraits, un peu trop petit.

JB : Donc d’ailleurs, Miles Davis, c’est lui qui te dit qu’il est temps que tu formes ton premier groupe, et en 1970 tu lances le Mahavishnu Orchestra, petit extrait.

[Extrait]

JB : Petit extrait encore évidemment. SIRI me parle dans mon oreillette, SIRI, arrête s’il te plait 2 secondes… Oui, tu peux poser une question à John, oui SIRI, vas-y, pose ta question à John.

Siri : John, comment t’es venu ce nom : Mahavishnu

JB : John, il est quand même terrible, enfin John, Mickael [un montage de Mickaël Jackson à poser la question, avec la voix de Siri], c’est SIRI, qui voulait se déguiser en Mickael.

JMcL : J’adore Mickael

JB : Je sais, c’est pour ça

©Lara Montagnac

JMcL : J’ai eu ce nom : Mahavishnu, au moment, où, je suis devenu un disciple, d’un gourou indien qui habitait à New York. Je l’ai rencontré en 70. Et puis pendant 5 ans, j’ai fait des études de méditation avec lui, et puis en 71 il m’a accordé ce nom : Mahavishnu. Mahavishnu ça veut dire en anglais ou en français : Grand Vishnu, Maha c’est grand. Comme Mahatma Gandhi, Mahatma ça fait grand, Mahatma Gandhi, great, Vishnu c’est l’un des dieux du Panthéon hindou. Brama, Vishnu, Shiva…

JB : Et grand c’est par rapport à ta taille ?

JMcL : Non

JB : c’est une petite blague

JMcL : Ventre

JB : On enchaîne, nous sommes au début des années 70’, et c’est vrai que pour des gens qui n’ont vécu cette période qu’à travers la musique, les films… On a l’impression que les drogues faisaient partie intégrante d’une sorte de spiritualité globale… d’où ma question suivante : Est-ce que c’est avec le Mahavishnu Orchestra que tu as eu tes premières expériences spirituelles ? Alors tu viens un peu de nous répondre justement avec le guru.

JMcL : Mais c’est quoi une expérience spirituelle ? C’est une question un petit peu…

JB : En fait c’est, là, que tu as pris conscience de ton corps, de ton esprit, du fait qu’il fallait alimenter le corps autant que l’esprit.

JMcL :Non, le mot spirituel, est tellement ambigu, d’ailleurs je ne suis pas un fan de ce mot : spirituel, ça veut dire quoi au juste ? Parce qu’on a tous, chaque être, le conduit de l’esprit, le grand esprit, on l’ignore ou on l’accepte.

JB : C’est ça, et souvent on l’ignore

JMcL : On le cultive, donc tout le processus de méditation, c’est la culture du conduit de l’esprit mais, spirituel, on est tous spirituels, chaque être est spirituel.

JB : Tu as pris conscience de ça avec Mahavishnu orchestra ?

JMcL : Non, ça a démarré bien avant, dans un autre contexte. L’expérience spirituelle, mais qu’est-ce que c’est qu’une expérience spirituelle ? Je ne sais même pas ce que c’est.

JB : Faire de la méditation par exemple.

©Lara Montagnac

JMcL : Non, bien avant, surtout en 66, 67, on prenaient du LSD, et ça révèle d’autres niveaux de conscience, parce qu’à la fin, il n’y a plus que ça que nous avons, c’est-à-dire les niveaux différents de conscience, quand on change un niveau de conscience on perçoit la vie différemment, et des choses différentes, qui avant n’existaient pas.

JB : Tu veux dire que c’est par rapport aux années, donc…

JMcL : C’est à cause de ça

JB : Du LSD alors ?

JMcL : Au bout d’un an, je me suis bien rendu compte, que si je voulais changer mon niveau de conscience, il fallait juste arrêter, et commencer à pratiquer d’autres manières de changer les niveaux de conscience, par exemple la méditation ou le yoga. Donc j’ai démarré en 68 ces 2 chemins.

JB : Alors on revient John sur toi, on était en 70, donc là on est en 1972, tu fais un album Carlos Santana : Love Devotion Surrender, en 1975 tu formes avec Zakir Hussain le groupe Shakti, est-ce qu’on a un extrait Fred ? Oui ? On lance l’extrait, Il y a du monde ce soir ?

[Extrait vidéo de Shakti]

JB : Avec Shakti, tu fais musicalement le lien entre l’Est et l’Ouest, d’où ma 4ème question : Est-ce que dans ton parcours spirituel, c’était une évidence de partir et de faire de la musique indienne. Est-ce que c’était naturel ?

©Lara Montagnac

JMcL : Il y a plusieurs éléments qui lient les musiciens de jazz et les musiciens de l’Inde. Premier élément primordial, c’est l’improvisation dans le rythme. On partage exactement les mêmes, donc il y a des disciplines différentes mais fondamentalement, l’improvisation est spontanée et on partage ça. J’étais pas le premier évidemment, parce qu’il y avait au début des années 60’, Coltrane qui s’intéressait beaucoup à la musique indienne, d’ailleurs, son fils Ravi Coltrane a été prénommé Ravi après son association avec le grand Ravi Shankar. En plus, à la fin des années 50’, Miles Davis a conceptualisé ce nouveau Jazz, qui s’appelait modal, jazz modal, qui utilisait davantage les modes, un peu comme les ragas en Inde. Bon ça c’est une chose, la 2ème, c’est que la musique indienne, intègre tous les aspects de l’être humain depuis des millénaires. C’est à dire du plus capricieux jusqu’au plus profond et sublime. Et puis cet aspect, tu dis le mot spirituel, était montré dans les messes classiques par les grands compositeurs du XVIIe, XVIIIe et XIXe, mais en 65 heureusement le grand John Coltrane que je viens de citer, lui, était un homme qui poursuivait la lumière et le développement de son esprit, a enregistré un disque qui s’appelle : A Love Supreme, qui est devenu un album CULTE, et c’était très important, parce que pour la première fois, la musique de l’ouest, et surtout dans le jazz spécifiquement, l’aspect disons spirituel, était intégré profondément et complètement dans la musique de jazz, comme un aspect improviste et spontané et cela a eu un énorme effet sur moi. Donc c’est 2 éléments, déjà dans les années 60’ c’était pas juste les Beatles qui cherchaient avec, comment s’appelait le guru [Maharishi Mahesh], mais, on avait des questions existentielles, et on avait du mal à trouver des réponses dans l’Ouest. Donc on est parti en masse vers l’Est en général, et l’Inde en particulier. Voilà les 2 éléments…

JB : On revient sur toi, on est dans les années 80’. En 1980 Le trio (John McLaughlin, Paco de Lucia et Al Di Meola), un extrait pour se rappeler.

[Extrait]

JB : Et voilà un petit extrait évidement. Question suivante, est-ce que dans le flamenco, j’essaye toujours de tourner autour du terme spirituel, donc on va dire, l’esprit.

JMcL : Toute la musique est spirituelle.

JB : Est-ce que justement, on peut écouter du flamenco et faire de la méditation. Question stupide, hein ?

JMcL : La méditation peut se faire en se baladant,

JB : En marchant tu veux dire ?

JMcL : Il ne faut pas être forcément assis dans une position du lotus pour… La méditation c’est un état d’esprit, ça peut se pratiquer n’importe où, et n’importe quand.

JB : Est-ce que tu peux nous donner les points, tu nous parlais tout à l’heure de la musique, du jazz et de la musique d’Inde. Est-ce que dans le flamenco, tu as retrouvé ces aspects d’improvisation ?

©Gegex

JMcL : Oui, mais c’est différent par qu’il y a les Falsetas, que les guitaristes de flamenco emploient. Les falsetas, c’est comment dire, un passage qui se conforme à la progression, à la séquence du morceau, mais, ils ont un vocabulaire assez énorme de falsetas, qu’ils peuvent employer à n’importe quel moment. Mais je dois revenir au passé, parce que le flamenco c’est très cher pour moi.

JB : Et oui, tu as commencé en écoutant du flamenco quand tu étais petit.

JMcL : Exactement. À 14 ans, j’ai découvert le flamenco et je voulais devenir guitariste de flamenco, tellement ça m’a frappé. Mais, là-haut dans le petit village où j’habitais, ils n’avaient jamais entendu le mot Flamenco. Heureusement, un de mes frères était à l’université de Manchester, et à côté d’où il habitait, dans un pub anglais, il y avait à la fin de chaque mois, le vendredi, le dernier vendredi de chaque mois, il y avait un vrai guitariste de flamenco. Donc je quittais l’école…

JB : Tu séchais l’école ?

JMcL : … à la fin de chaque mois, et oui j’ai eu de gros ennuis à cause de ça, mais je m’en fichais pas mal, donc je faisais de l’auto stop jusqu’à Manchester.

JB : Ah oui, à 14 ans ? quand même…

JMcL : Et je restais avec mon frère, puis il m’amenait dans le pub.

JB : On avait le droit d’aller dans un pub à 14 ans ?

JMcL : Oui, c’était un peu truqué, mais, ça va, je me balançais sur les pointes. Mais, de voir les vrais musiciens comme ça, c’était absolument formidable. Le flamenco est resté et reste toujours, une musique très chère pour moi, parce qu’il y a la passion, et ça, c’est un élément dans le jazz, et dans toutes musiques, c’est une expression de l’être, des relations qu’on a avec soi-même, des relations qu’on a avec nos collègues, avec le monde, et même si tu veux extrapoler jusqu’à…

JB : L’au-delà ?

JMcL : Exactement, mais sans la passion, la musique devient… un peu fade.

JB : De la musique commerciale, ce qu’on écoute à la radio.

JMcL : Un peu comme un hamburger dans la cuisine.

JB : Ou comme le coca light, par rapport à du whisky de 25 ans d’âge.

JMcL : On me dit que le whisky japonais, n’est pas…

JB : Oui, c’est vrai qu’il a pris du whisky japonais, il aurait pu prendre un whisky irlandais. [en rapport avec la chronique ciné de Chris qu’il y a eu juste avant l’interview]

JMcL : Mais la pub était belle, quand même.

JB : C’est vrai. On passe à la fin des années 80’, avec The Trio, puis Free Spirits avec Dennis Chambers, The Guitar Trio, The Heart of Things et on arrive en 1999 avec de nouveau : Remember Shakti, un petit extrait ?

[Extrait]

JB : Je suis désolé, je suis toujours obligé de couper, parce que sinon Facebook nous censure, et c’est pour ça que, malheureusement, on ne peut pas mettre des extraits plus longs. John, tu as joué, il me semble, pour le Dalaï Lama, enfin devant le Dalaï lama, je voulais savoir si, avec Remember Shakti de mémoire…

JMcL : Non, c’était pas avec Remember Shakti, c’était juste Zakir et moi.

JB : Est-ce tu peux nous en dire un peu plus, de cette rencontre ? Est-ce que c’est une rencontre qui a changé ta vie ? Ou finalement c’est un homme…

JMcL : En revenant dans le passé, dans les années 60’, je me suis rendu compte que le bouddhisme, ce n’est pas vraiment une religion, c’est à dire que les religions, ce sont des dogmes, n’est-ce pas ?

JB : Oui, normalement les religions sont comme ça.

JMcL : Et il faut se les approprier, alors, qu’il n’y en a pas dans le bouddhisme, et c’est formidable. Évidemment, ce Monsieur, le Dalaï Lama, c’est une grande inspiration, c’est un vrai homme. Il parle directement depuis son coeur. Donc lorsque nous étions invités, comme je disais j’étais avec Zakir, donc tous les 2, on nous a demandé de chauffer l’audience.

JB : Avant le discours ?

JMcL : Pendant 20 minutes, avant son discours. Donc j’étais ravis, et Zakir aussi, on a joué, c’était dans une salle de sport à Anvers en Belgique, devant 12 000 personnes.

JB : Petite audience.

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JMcL : On a joué un peu calme au début, puis au fur à mesure. On a chauffé l’audience. On a chauffé, mais on s’est chauffé. On a quitté la scène et puis, on a vu le Dalaï Lama qui arrivait sur le tapis rouge, entouré de 3 niveaux de sécurité. D’abord la sécurité de la salle, la sécurité de la société des bouddhistes qui l’avait invité, et l’équivalent du FBI en Belgique, avec des talkies-walkies, et des pistolets dans la veste. Et puis, il arrive comme ça, et nous, Zakir et moi, on était comme ça, rt puis, il arrive, comme ça, et il dit : “ah, vous êtes là ?” Au lieu d’aller sur la scène, il est venu vers nous, pour nous parler. Et ça a créé, un petit scandale. Ils parlaient dans le microphone : le Dalaï Lama… Mais lui, il était venu pour nous remercier, d’ailleurs il nous a bénis. Il est resté 4 ou 5 minutes juste pour nous parler, On était vraiment touché, c’était vraiment extraordinaire. Juste une dernière petite anecdote, qui est plutôt familière, donc après, nous sommes allés [dans le public], et mon fils avait 9 ans à l’époque.

JB : Luke ?

JMcL : Oui, on s’était assis, et puis le Dalaï Lama, est arrivé pour parler. D’abord le premier truc qu’il a dit, qui est formidable. Il a dit : “People say”, je le dis en Anglais, tu peux le traduire si tu veux.

JB : Nadra ?

JMcL : Les gens disent que ma religion est le bouddhisme, mais ils ont tort, ma religion, c’est le bonheur. Et déjà, d’office, tout est clair, tout est lucide. Mais je dois dire, que j’étais étonné de voir mon fils, cloué sur le Dalaï Lama, pendant 1 heure. Il n’a pas bougé, pour un gosse de 9 ans. Mais, il a une allure, une espèce de magnétisme, tout à fait spontané et naturel.

JB : Et visible.

JMcL : C’est un vrai monsieur.

JB : En parlant de ça, il me semble que tu as joué aussi pour l’ancien Président Barack Obama

JMcL : Dans le Jazz Day, l’année dernière

JB : Est-ce que, justement, on ne peut pas comparer le Dalaï Lama…

JMcL : Ce n’est pas le Dalaï Lama, mais c’est un grand monsieur

JB : En termes de personnalité

JMcL : Mais lui et sa femme, mais quel couple, quel couple ! À la fin de l’US Jazzy, c’est le 30 avril chaque année, Il y avait une trentaine de musiciens à la Maison Blanche. Après ils sont venus tous les deux nous embrasser, surtout Michelle, elle a embrassé tous les musiciens, tous les artistes.

JB : Oh oui, c’est une coquine on m’a dit !

JMcL : Et le président Obama, Obama, Il a serré la main, il nous a remerciés, très chaleureusement Mais quel couple ! Quel charme ! Par rapport à ce qu’on a aujourd’hui.

JB : C’est sur qu’il y a un vrai changement là On a sauté les années 90’, on est en 2000, on est même en 2006, et tu forme le groupe the 4th Dimension, d’où le t-shirt que nous portons ce soir, regardez comme il est beau. Nous avons un petit extrait de la formation de 2016.

[Extrait]

JB : Si vous n’avez pas encore vu the 4th Dimension, il faut vous précipiter sur les DVD, vous précipitez en live, car c’est incroyable, est-ce que tu peux nous parler des projets que tu as actuellement, car tu fais toujours 50 projets en même temps, Il me semble.

JMcL : Non pas 50, mais 49

JB : Il me semble que tu es en plein dans l’écriture ?


JMcL
: Le problème avec Shakti, ou plutôt Remember Shakti, pour moi, c’est toujours Shakti 2ème génération, c’est que nous avons perdu le grand Srinivas, il y a 2 ans et demi le jeune mandoliniste que nous avons entendu tout à l’heure. Cela nous a tellement bouleversé, on avait passé presque 14 ans ensemble, et pour le moment Remember Shakti, ça flotte dans les cieux, Dieu sait, si nous allons revenir sur Terre avec un remplaçant.

JB : Il y a de très beaux DVD, en tout cas

JMcL : Tout à fait, Shakti, j’espère un jour, car c’est un groupe très cher dans mon coeur, depuis 73, ça fait très longtemps, 44 ans, c’est beaucoup, donc ça fait une grande partie de ma vie personnelle, et musicale. Mais depuis, vous avez vu le chanteur dans le groupe : Shankar Mahadevan, qui est un chanteur extraordinaire… Depuis quelques années on prépare un projet, qui est une nouvelle direction de la rencontre Est – Ouest, qui n’est pas Shakti, c’est quelque chose de complètement différent. C’est pas encore sorti, on a créé la musique, il faut mixer, on va le faire pendant l’été. Il va sortir à la fin de l’année.

JB : Donc ça c’est un projet chaud.

JMcL : C’est quelque chose pour laquelle nous avons beaucoup travaillé tous les deux.

JB : Il y a d’autres musiciens, Ranjit par exemple ?

JMcL : Non pour le moment non, Il n’y a pas de batterie. C’est voix et orchestration, et on fait les improvisations à l’intérieur. C’est difficile à expliquer, mais c’est trop beau

JB : Et bien on va attendre la fin de l’année. Et avec the 4th Dimension, car tu viens de finir une tournée ?

JMcL : On a fait une petite tournée, d’ailleurs on a terminé à Londres au Ronnie Scott’s Club, où j’ai passé beaucoup d’années dans les années 60, avant de partir d’abord en Belgique, puis après en Amérique. C’était un choix pour moi, car Ronnie Scott m’a tellement aidé, il a été très important pour mon départ aux États-Unis à l’époque, pour obtenir le visa. On a fait 2 soirées au Ronnie Scott et on a enregistré. D’ailleurs ce week-end on va commencer le mixage pour faire un nouveau CD dans un monde où il n’y a plus d’industrie du disque.

JB : On en fera la pub en tout cas

JMcL : La vieille école c’est comme ça.

JB : Je me retourne vers monsieur Vroum, est-ce que tu veux prendre la parole ? On a plusieurs questions monsieur Vroum, est-ce qu’il y a un cadreur, voilà.

©Gegex

Vroum : On a plusieurs questions pour John, mais comme l’émission a été un peu longue, la question principale que me demande une personne : Quelle est la personne avec qui vous avez joué, qui vous a le plus marqué ?

JB : Alors ça, c’est une question, où il faut prendre le temps pour répondre.

JMcL : La personnalité c’est difficile, car il y en a plusieurs : Miles Davis, Paco de Lucia, Jimi Hendrix.

JB : Il y a un son qui tourne, je le dis pour les internautes qui nous écoutent, je sais que John n’aime pas trop. Il y a un enregistrement de 30 min et je sais que tu n’étais pas trop en forme.

JMcL : Non, Quoi ?

JB : Vous étiez un petit peu… vous avez joué pendant 6 heures…

JMcL : Mais tu es culotté quoi, non mais, je suis toujours en forme 🙂

JB : En tout cas c’est à écouter, car c’est incroyable.

JMcL : C’est un contexte audio très difficile. Peu importe, c’était pas la question, c’était l’impact que ces personnages ont eu sur moi. Je dirais aussi le grand Ravi Shankar avec lequel j’ai eu la chance de faire des études, dans la musique indienne. Donc il en a au moins 4, en ordre chronologique ou préférentiel.

Vroum : Et la 2ème question, quelque chose qui nous a étonné : Vous êtes venu ce soir sans guitare.

JB : C’est parce qu’on voulait parler de ton parcours spirituel, et aussi pour parler de ton parcours musical, c’était une émission pour discuter.

JMcL : J’ai eu énormément de chance, d’être au bon endroit, au bon moment, c’est au delà de ma compréhension, c’est de la chance, le karma ou le destin, ce ne sont que des mots.

Vroum : C’est la classe.

JMcL : Pour moi, je suis le plus chanceux de tous.

©Gegex

JB : Alors, on peut retrouver sur le site de John : www.johnmclaughlin.com, toute sa discographie, il y a quasiment, plus d’une cinquantaine d’album et de DVD, notamment un DVD pour apprendre l’improvisation, le rythme indien qui se vend toujours très bien. Je vous conseille d’aller sur le site et d’aller sur youtube vous tapez john McLaughlin, et vous verrez des heures et des heures de concerts, tous plus incroyables les uns que les autres.

JMcL : Tous piratés…

JB : On passe d’abord par www.johnmclaughlin.com, puis vous attérirez sur le site www.mediastarz.com le site de vente en ligne officiel pour l’europe et puis vous irez voir sur youtube, s’il vous reste un peu de temps. Avant de lancer le jingle de fin d’émission, il y a 2 fans qui ont posté de petites vidéos pour toi, qu’on va voir ensemble.

[Vidéo]

JB : Et là c’est en italien maintenant.

[Vidéo]

JB : On peut les applaudir, ils ont fait l’effort d’envoyer des vidéos spécialement pour l’émission.

JMcL : Whaou

JB : Est-ce que John, tu veux ajouter quelque chose, peut être sur la tournée qui va commencer avec Jimmy en octobre ?

©Gegex

JMcL : Octobre et Novembre aux États-Unis. J’ai passé 14 ans de ma vie en Amérique, et les américains m’ont accueilli d’une manière absolument royale. Dès le début des 69, c’était incroyable, avec Miles Davis, Tony Williams Tour, tous les gens dont je parlais tout à l’heure. Quand j’ai formé le groupe Mahavishnu Orchestra, c’était un phénomène complètement inattendu, dans le sens où on a été accueilli avec un enthousiasme vraiment hors du commun. J’étais vraiment sous le choc, de la manière dont nous avons été accueilli, et depuis, et ça fait une quarantaine d’années, il y a toujours des gens qui m’écrivent ou qui me demande : “Est-ce tu vas jouer du mahavishnu quand même ?”

JB : Tu en as fait de temps en temps.

JMcL : Donc j’ai fait une tournée d’adieu aux États-Unis pour les remercier, car j’ai une dette absolument impayable. Donc je vais faire une tournée avec Mahavishnu pour faire mes adieux, c’est pour les remercier avec cette musique, évidemment cela fait partie de ma vie musicale et spirituelle si tu veux.

JB : Il me semble que depuis hier, il y a des dates sur ta page facebook avec les réservations.

JMcL : Je voudrais juste ajouter, car je vais jouer avec un autre groupe. Dans les années 70, je faisais les tournées aux États-Unis avec le grand guitariste Jeff Beck, qui est l’un de mes préférés dans le monde, Jeff c’est Le guitariste pour moi.

JB : Il dit la même chose de toi d’ailleurs

©Lara Montagnac

JMcL : Oui on se paye. Donc dans les tournées et les concerts, un groupe jouait, puis l’autre groupe enchaînait, puis à la fin, il y avait un grand Jam Session avec tout le monde, 2 bassistes, 2 batteurs, 2 claviers et 2 guitaristes. Donc je vais faire ça aussi dans cette tournée, mais pas avec Jeff, que j’ai vu il n’y a pas longtemps, lui ne pouvait pas jouer, il a ses projets. Donc j’ai invité un jeune guitariste, enfin jeune il a 50 ans, mais il est jeune, Jimmy Herring, un guitariste américain, inconnu en Europe, mais qui est vraiment formidable. Et c’est un des plus grands Fans de Mahavishnu. D’ailleurs il a fait un enregistrement d’une de mes compositions, et il a joué un solo, vraiment, je me suis dit, pourquoi je n’ai pas joué comme ça, whaou, c’était trop beau, phénoménal. Lui, est fou de joie, de faire la tournée, on va faire exactement la même chose : 45 min un groupe, puis l’autre, puis la jam session. C’est la pêche.

JB : On applaudit John Mclaughlin, s’il vous plait un peu plus fort là.

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